Sedum poussant en carrière d'ardoise de Trélazé, Anjou, France / Sedum in the schist quarry at Trélazé, Anjou, France
Je vous propose une petite sortie sur un ancien site d'extraction d'ardoise à Trélazé, près d'Angers, en Maine-et-Loire.
C'est à ce jour le plus important gisement ardoisier exploité en France (entre 15 et 20’000 tonnes par an), l'ardoise de Trélazé étant la plus réputée pour sa qualité.
L'ensemble de cette zone est constitué d’habitats uniques dans la région par son sol acide et son relief au beau milieu de l'Anjou - plus connu pour ses gisements de tuffeau calcaire que par ses affleurements de schistes.
Ce qui m'a incité à prospecter cette zone est la présence de grandes pelouses sèches sur lesquelles prospèrent des nombres de Crassulaceae, principalement des Sedum, en particulier le très rare orpin d'Angers, Sedum andegavense.
Pour avoir une idée du site, voici une vue aérienne de l'ardoisière (google map) :

Les arbres sont principalement des bouleaux (Betula pendula) ; on trouve également, malheureusement, une grande quantité d'arbres à papillons (Buddleia) très envahissants...

Sur les milieux les plus fréquents, où l'ardoise est recouverte par une bonne couche d'humus, au plus près des arbustes, se trouvent en très grande quantité Sedum album et Petrosedum rupestre ssp. rupestre, souvent au milieu d'épaisses couches de lichens. Les deux espèces poussent parfois ensemble, mélangées, sans se nuire l'une à l'autre.




Sur les zones plus sèches, où l'ardoise seule est visible en surface, se trouve plutôt Sedum anglicum que je trouvais pour la première fois dans mon département. Il pousse en colonies importantes de plusieurs centaines de plantes, assez loin de l'ombre des arbres, préférant le soleil.



Sur les zones similaires, mais jamais mélangée à Sedum anglicum, se trouve une espèce annuelle, Sedum rubens. Celui-ci s'accomode de la présence de végétaux plus grands, son cycle végétatif se finissant avant que les autres plantes ne soient complètement développées et deviennent une concurrence trop importante pour la lumière.




Les zones un peu humides sont souvent envahies par Umbilicus rupestris, c'est la Crassulaceae la plus présente sur le site.



Toujours dans les zones humides, où le sol est presque boueux, pousse en tapis la relativement rare et minuscule Crassula tillaea, qui passe totalement inaperçue si on ne se baisse pas pour regarder de plus près ces plantes se colorant d'un beau rouge vif une fois arrivée à maturité.

Ce n'est qu'à la toute fin de ma prospection que j'ai trouvé ce pourquoi j'étais vraiment venu : Sedum andegavense, devenu rarissime en dehors de la zone méditerranéenne (Corse, principalement). L'orpin d'Angers a quasiment disparu de la région, il n'y subsiste plus que sur de rares sites et ses effectifs sont de plus en plus réduits. (plus d'informations sur cette page : http://www.donnees.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Plan_Sedum_andegavense.pdf ) La population comptait plus ou moins 200 ou 300 plantes, disséminées sur moins de 5 mètres², uniquement sur de l'ardoise en décomposition, assez éloignées des arbres. Je n'ai pas trouvé d'autres plantes aux alentours, cette population est donc plutôt isolée, entourée d'une bande boisée (Salix et Crataegus, principalement) qui tendent à coloniser doucement le milieu.





J'espère retrouver cette population l'année prochaine, lors d'une prochaine visite !